Troubles de l’apprentissage : quel accompagnement ?
Gérer les troubles de l’apprentissage est parfois compliqué pour les parents. Souvent, ils ne savent pas comment y faire face et ont peur pour l’avenir de leur enfant. Pourtant, les enfants souffrant de troubles de l’apprentissage ont autant d’avenir que les autres à condition d’avoir une bonne prise en charge. Aurélie Calderero-Pauchet, orthophoniste, vous explique tout.
Comment repérer les signes de troubles de l’apprentissage ?
Des troubles dès le plus jeune âge
Le regard, le toucher, l’ouïe, la voix… permettent au bébé de faire lien avec son environnement proche. Puis, l’enfant grandit et développe un moyen de communication plus efficace : le langage verbal. Autrement dit, il utilise les mots et les phrases.
Chaque enfant a un rythme de développement qui lui est propre. Certains parleront comme des livres dès 2 ans alors que d’autres peineront à dire 3 ou 4 mots. Mais dès lors, quand s’inquiéter ? Que faire ?
La première chose à faire quand on a un doute sur le développement du langage de son enfant, c’est de s’assurer que ses sens sont efficients. Entend-il bien ? Quand est-il de sa vue ?
Pour les tout-petits, on se tournera vers le pédiatre ou le médecin généraliste pour avoir une réponse à nos questions. Des diagnostics et des prises en charge très précoces sont possibles aujourd’hui.
Dans quel cas faut-il consulter ?
Parfois, il peut être important pour vous et votre enfant de consulter un professionnel de santé afin qu’il vous prescrive un bilan orthophonique.
C’est le cas si entre 18 mois et 2 ans :
- Votre enfant n’augmente pas son stock lexical, c’est-à-dire le nombre de mots qu’il a à sa disposition
- Il fait beaucoup de colères car il n’arrive ni à vous comprendre ni à se faire comprendre
- Vous, en tant que parents, êtes inquiets de manière globale
Une rumeur tenace dit qu’il faut attendre 4 ans, et parfois 6, pour consulter un orthophoniste, c’est faux ! Une absence d’émergence du langage aux 2 ans de l’enfant doit amener à consulter.
Oui, mais les petites difficultés qui apparaissent plus tard ?
En tant qu’orthophoniste, on entend beaucoup de parents très inquiets des difficultés de leur enfant. Pourtant, elles ne nécessitent pas toujours de prise en charge.
L’écriture en miroir
La plus célèbre d’entre elles est l’écriture en miroir. L’enfant écrit parfaitement de droite à gauche, mais avec une inversion du sens d’écriture de chaque lettre. Nous, adultes, devons nous concentrer pour y arriver !
Avant 6 ans, pas de panique, le responsable est l’immaturité du champ visuel de l’enfant. Pour y remédier, on donne un repère à l’enfant, pour lui permettre de poser son regard « dans le bon sens ».
Si malgré les bons repères, la difficulté est toujours là, on peut demander un avis orthoptique. Quelques séances permettent souvent d’obtenir d’excellents résultats.
Le zozotement
Et le fameux zozotement ou zézaiement ? Ce trouble d’articulation est très fréquent. On le trouve souvent très mignon chez les petits, mais une fois grand, il devient vite stigmatisant.
Un avis orthophonique est nécessaire, mais en attendant d’obtenir le rendez-vous, on peut déjà agir. Il faut en tout premier lieu supprimer les tics de succion.
Après 3 ans, plus de tétine, plus de pouce et plus de biberon… En effet, les mouvements de succion favorisent une mauvaise position de la langue.
Afin de muscler la langue, on peut faire boire l’enfant dans des pailles en inox. C’est aussi pratique que le biberon et plus rigolo ! Évidemment, on ne prend pas en compte la période où l’enfant a perdu ses incisives comme référence… Tout le monde a la langue qui siffle à cette période !
Ainsi, débarrassé des mauvaises habitudes, la rééducation sera beaucoup plus efficace.
Les troubles de l’apprentissage
Les dys
Dyslexie, dyscalculie, dyspraxie… Les dys ne manquent pas et beaucoup de parents s’y perdent à juste raison.
Remettons l’église au milieu du visage, un enfant de maternelle ou de CP ne peut pas être dyslexique !
La dyslexie est un trouble de la lecture. Le diagnostic peut être posé après 2 ans d’apprentissage, soit vers le début du CE2. Avant, on parle de retard d’apprentissage. Bien sûr, il y a des signes d’alerte qui évoquent une possible dyslexie et qui nécessitent la mise en place d’une rééducation.
En effet, prendre l’enfant en soin le plus précocement possible est essentiel.
Le trouble de l’attention
Le trouble de l’attention semble de plus en plus fréquent. L’utilisation inappropriée des écrans est parfois responsable. Surstimulé visuellement mais au final très passif, l’enfant peut développer des troubles du langage et de l’attention. Face à un enfant qui ne tient pas en place ou qui ne semble pas capable de se concentrer, on se pose les bonnes questions.
- Combien de temps passe-t-il devant les écrans ?
- Fait-il assez d’exercice physique ?
- A-t-il une alimentation qui n’est pas saturée en sucre et en additifs alimentaires ?
Si une fois ces problématiques traitées, le trouble de l’attention est toujours présent, il faudra se rapprocher de son pédiatre ou d’un service de neuropédiatrie. Le suivi orthophonique sera, si besoin, alors un soutien important pour le développement des capacités d’apprentissage.
En résumé, on consulte si des inquiétudes surgissent par rapport au développement des capacités de communication ou de langage de notre enfant, quel que soit son âge. Plus la prise en charge est précoce, plus elle sera efficace. On garde en tête que le bilan orthophonique n’est pas un passage obligatoire, ce n’est pas un moyen de vérifier que tout va bien, c’est un outil de dépistage.
Avoir recours à une aide
Des aides passagères
Votre enfant a été diagnostiqué et il est suivi pour un trouble du langage A l’école, il est en souffrance et il a besoin d’aide pour ne pas lâcher prise. Si le trouble est sévère et représente un obstacle pour apprendre, des aides sont possibles.
Certaines sont passagères, comme le PPRE (Programme Personnalisé de Réussite Éducative). Il dépend uniquement de l’équipe pédagogique (l’école).
Des aides renouvelables : monter un dossier MDPH
D’autres sont renouvelables chaque année, comme le PAP (projet d’accompagnement personnalisé). Il permet des aménagements simples, comme l’octroi de temps supplémentaires, allègement des devoirs… En résumé tous les aménagements qui sont réalisables par le maître lui-même.
Quand les aménagements nécessaires sont plus importants, présence d’une aide humaine (AESH), aménagement de la scolarité (allègement horaire par exemple), octroi de matériel (ordinateur), il faut réaliser une demande auprès de la MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapées) de son département. L’école doit alors vous fournir un GEVASCO, qui reprend les difficultés de l’enfant au sein de l’école. Il vous faudra fournir l’ensemble des bilans médicaux et paramédicaux en votre possession.
La constitution du dossier est souvent un travail complexe pour les familles, qui peinent à comprendre le vocabulaire utilisé dans les différents formulaires. N’hésitez pas à demander de l’aide à votre orthophoniste, votre psychomotricien ou autre intervenant paramédical. Un dossier bien rempli est indispensable pour obtenir les aides tant souhaitées !
Quels sont les autres domaines d’intervention de l’orthophoniste ?
Les troubles de l’apprentissage ne sont qu’une partie du champ de compétences des orthophonistes.
Je vois dans la même journée des bébés et des jeunes enfants, des adolescents, des adultes et des personnes âgées. Entre la voix, les troubles de l’oralité, les maladies neurologiques et/ou dégénératives, le handicap… les raisons de consulter un orthophoniste sont nombreuses.
L’obtention d’un rendez-vous est souvent difficile. C’est pourquoi il ne faut pas attendre que la situation de votre enfant soit grave pour prendre rendez-vous. Une prise en charge plus précoce des troubles du langage permettrait de réduire les listes d’attente.
Aurélie Calderero-Pauchet – Orthophoniste