Reconstruction mammaire après un cancer
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Reconstruction mammaire après un cancer

La reconstruction mammaire après un cancer est une étape majeure pour retrouver son image corporelle. Plusieurs techniques sont possibles, allant de l’utilisation de ses propres tissus (reconstruction autologue par lambeau) au recours aux prothèses mammaires en silicone, chacune ayant ses avantages et ses risques spécifiques.

Quels sont les enjeux de la reconstruction mammaire après une mastectomie ?

La reconstruction mammaire constitue bien plus qu’une intervention chirurgicale esthétique. Elle représente un véritable tournant dans la récupération globale des patientes ayant subi une mastectomie, souvent indispensable à leur bien-être. Cette opération permet à de nombreuses femmes de retrouver une silhouette harmonieuse et de reconstruire un lien avec leur image corporelle, durement affectée par la maladie. Cependant, cette démarche est entièrement volontaire : elle n’est jamais imposée.

Il est important de bien différencier reconstruction mammaire immédiate et reconstruction mammaire secondaire. La reconstruction mammaire immédiate a lieu en même temps que la mastectomie. La reconstruction mammaire secondaire se fait à distance de la mastectomie, au moins un an après la fin des traitements du cancer. Opter pour une reconstruction mammaire immédiate ou secondaire dépend principalement du choix de la patiente. 

Plusieurs options s’offrent aux patientes souhaitant envisager cette reconstruction qu’elle soit immédiate ou secondaire. La technique la plus simple est la reconstruction par prothèse. Les prothèses mammaires utilisées en reconstruction sont les mêmes que celles utilisées en chirurgie esthétique pour une augmentation mammaire par prothèses. Ce type de reconstruction est généralement proposé soit en reconstruction immédiate ou plus rarement en reconstruction secondaire, lorsque la peau et les tissus sont en bon état, sans complications liées aux traitements de radiothérapie. En revanche, pour les femmes dont la peau a subi des dommages, on privilégie la reconstruction autologue, c’est-à-dire la reconstruction sans prothèse, à l’aide de ses propres tissus, pour limiter le risque de complications post-opératoires. Les techniques de reconstruction autologue, notamment celles qui font appel à la microchirurgie (DIEP ou PAP), sont des techniques plus avancées qui ne sont malheureusement pas proposées par tous les chirurgiens.

Pour celles qui hésitent encore à franchir le pas, il est important de noter que chaque reconstruction est personnalisée. Le processus repose sur un dialogue étroit entre la patiente et son équipe médicale. Le Docteur Samuel Struk, spécialiste en chirurgie mammaire, souligne qu’il est essentiel d’être bien informée sur toutes les techniques disponibles afin de prendre la décision la plus adaptée à sa situation.

Quelles sont les approches chirurgicales de la reconstruction mammaire ?

Diverses techniques chirurgicales permettent de reconstruire la poitrine après une mastectomie. Parmi ces méthodes, les techniques autologues se démarquent en utilisant les tissus propres à la patiente, offrant ainsi un résultat à l’apparence plus naturelle. Ces interventions sont souvent préférées en raison de l’absence d’implants.

La technique la plus moderne et qui donne les meilleurs résultats en termes de reconstruction mammaire autologue est la technique DIEP. La reconstruction mammaire par DIEP consiste à prélever la peau et la graisse du ventre pour reconstruire le sein. Elle nécessite des compétences en microchirurgie pour reconnecter des vaisseaux de petite taille, entre le lambeau et le sein. Il est important de noter que le DIEP offre les meilleurs résultats en termes de volume, de consistance et des résultats qui durent dans le temps sans jamais s’altérer. Enfin, la technique DIEP préserve les muscles abdominaux, contrairement à son ancêtre, le TRAM qui n’est guère plus réalisé. Le principal inconvénient du lambeau de DIEP est la cicatrice sur le ventre, néanmoins cachée dans la culotte. Cette cicatrice est la même que celle d’une abdominoplastie esthétique. L’un des bénéfices secondaires du DIEP est donc d’avoir le ventre plat en fin d’intervention.

Une technique plus récente est le lambeau de PAP. Cette technique est similaire au DIEP mais dans le cas du PAP, on prélève les tissus au niveau de la face interne de la cuisse. Le PAP apporte moins de volume que le DIEP et on le réserve donc aux patientes minces. La cicatrice est située sous le sillon de la fesse et à l’intérieur de la cuisse. Elle est donc relativement discrète.

Une autre option consiste à recourir au lambeau du grand dorsal. Ce procédé utilise la peau et le muscle du dos pour recréer le volume mammaire. Cette technique est de moins en moins utilisée de nos jours avec l’avènement du lambeau DIEP. En effet, elle laisse parfois des séquelles douloureuses au niveau de l’épaule ou une raideur. Le lambeau de grand dorsal offre moins de volume qu’un lambeau de DIEP et le volume a tendance à diminuer avec le temps du fait de l’atrophie du muscle. ll n’est pas rare de devoir combiner lambeau de grand dorsal et mise en place d’une prothèse mammaire. Le lambeau de grand dorsal est surtout utilisé en cas d’échec de lambeau DIEP ou lorsque le DIEP n’est pas possible (patiente mince ou ayant déjà eu une abdominoplastie esthétique par le passé).

Quels sont les risques et complications possibles ?

Vous devez également prendre en compte les risques liés à chaque méthode. Comme toute intervention chirurgicale, la reconstruction mammaire comporte des risques qui vont être spécifiques au type de reconstruction effectuée. 

Le principal risque de la reconstruction par prothèse est l’infection. L’infection d’une prothèse mammaire entraîne toujours une ré-intervention, avec le risque de devoir la retirer définitivement. Il existe un risque d’infection de prothèse au cours du premier mois post-opératoire. Au-delà, ce risque est nul.

La contracture capsulaire est un autre risque propre aux implants mammaires. Elle se manifeste par la formation d’une coque rigide autour de l’implant. Cette complication se traduit par un sein qui devient dur, se déforme puis finit par faire mal. La survenue d’une coque impose de ré-opérer pour retirer la coque, changer l’implant mammaire avec un risque non négligeable de récidive de la coque. Une coque péri-prothétique peut survenir plusieurs mois à plusieurs années après la pose d’une prothèse mammaire.

Le principal risque de la reconstruction autologue par DIEP ou PAP est la nécrose du lambeau. La nécrose d’un lambeau, c’est à dire la mort tissulaire, est consécutive à une thrombose vasculaire. Une thrombose vasculaire correspond à l’occlusion de l’artère ou de la veine du lambeau au niveau des connexions qui sont faites par microchirurgie. Au-delà du 5ème jour post-opératoire, on considère que ce risque est nul.

Comment bien gérer les attentes et les retouches nécessaires ?

ll est important de souligner que la reconstruction mammaire, qu’elle soit immédiate ou secondaire, nécessite toujours plusieurs interventions. ll est impossible d’obtenir un résultat optimal en une seule intervention.

Qu’il s’agisse d’une reconstruction par prothèse ou par lambeau, en reconstruction immédiate ou secondaire, il faudra toujours d’autres interventions pour : 

  • parfaire le résultat de la reconstruction : changer la prothèse mammaire, injecter de la graisse autour d’une prothèse pour mieux la camoufler (lipomodelage), retravailler la loge d’une prothèse mammaire pour améliorer le résultat esthétique ou, s’il s’agit d’un lambeau, remodeler le lambeau
  • reconstruire l’aréole et le mamelon en reconstruction secondaire
  • symétriser l’autre sein : augmentation mammaire par prothèse, lifting mammaire ou réduction mammaire.

Le lipomodelage (qu’on appelle aussi lipofilling mammaire) consiste à prélever de la graisse sur votre corps, à la purifier avec de la réinjecter dans le sein reconstruit. Cette technique est souvent utilisée pour apporter une finition supplémentaire, en injectant de petites quantités de graisse afin d’améliorer le résultat de la reconstruction : 

  • Si vous avez opté pour une prothèse mammaire, il est parfois nécessaire de corriger des petites imperfections comme les vagues ou les plis visibles sous la peau, notamment chez les femmes minces.
  • En cas de reconstruction par lambeau, on peut utiliser le lipofilling pour augmenter le volume du lambeau ou le remodeler.

Quel poids accorder à l’aspect psychologique de la reconstruction mammaire ?

Vous devez considérer l’impact psychologique d’une reconstruction mammaire. La perte d’un sein affecte profondément l’image corporelle. La reconstruction permet à certaines femmes de retrouver une silhouette harmonieuse et d’améliorer leur bien-être, mais le processus de réappropriation du corps peut être long.

Il est essentiel que les femmes se sentent prêtes, non seulement physiquement mais aussi émotionnellement, à entreprendre une reconstruction. Le soutien psychologique joue un rôle crucial tout au long du parcours. L’accompagnement peut être nécessaire avant l’intervention, mais aussi après, lorsque certaines patientes doivent accepter que le sein reconstruit, bien qu’esthétiquement satisfaisant, ne retrouve jamais la sensibilité d’un sein naturel.

En définitive, la reconstruction mammaire après un cancer est une décision personnelle et complexe qui repose sur de nombreux facteurs, allant des techniques chirurgicales aux aspects psychologiques. Chaque patiente doit être informée des différentes options, des avantages et des risques associés.

Par

Chloé de Channes est rédactrice santé et écrit sur de nombreux sujets touchant au parcours de soins, aux enfants, aux maladies de peau, la santé des femmes, etc