La Ligue nationale Contre l'Obésité : témoignage de Marion Sarroca, Directrice Générale
Maladie chronique,  Obésité,  Témoignage

La Ligue nationale Contre l’Obésité : témoignage de Marion Sarroca, Directrice Générale

Directrice de la Ligue nationale Contre l’Obésité, Marion Sarroca nous offre son témoignage sur la lutte quotidienne de l’association contre cette maladie chronique.

Leur ligne d’écoute est 100% gratuite et accessible à tous : informations, écoute, soutien et accompagnement pour les personnes en situation d’obésité : 📞 04 48 206 206

Pouvez-vous nous parler de vos missions et des objectifs de la Ligue nationale Contre l’Obésité ? 

« La Ligue nationale Contre l’Obésité est une association qui a maintenant 10 ans, on l’a créée en 2014. C’est une association qui rassemble des bénévoles, des associations de patients, des professionnels de la santé, des établissements de soins et toute personne qui se pose des questions, ou qui souhaite s’investir dans le milieu associatif.C’est sur la thématique de la lutte contre l’obésité. Ce sont vraiment nos missions, après on va avoir plusieurs conseils : un conseil scientifique, un conseil de patients, un conseil opérationnel pour répondre aux diverses thématiques de l’obésité et après on va avoir plusieurs projets. »

Quels sont les principaux programmes et initiatives que vous avez mis en place pour lutter contre l’obésité ? 

« Pour ce qui est de nos programmes et nos initiatives, la plus importante pour nous, qui est le pilier de la Ligue, c’est notre ligne d’écoute.

« Notre ligne d’écoute permet à toute personne qui se pose des questions sur son surpoids ou sur son obésité d’appeler. Les appels sont gratuits, donc vous pouvez appeler et poser vos questions et, en fonction, nous, on informe ou on réoriente vers des professionnels de santé, vers des associations de patients, ou même vers des avocats, parce que, pour quand il y a des problématiques juridiques, on a un partenariat avec le Barreau de Paris. Et du coup, ça permet d’avoir une consultation avec un avocat gratuitement. [..] après on a aussi également le projet Diet à Dom. 

« Notre projet Diet à Dom est pour tout enfant qui sort d’un parcours dans un établissement de soins. Suite à son obésité justement, quand il est rentré dans un établissement de soins pour une prise en charge pour cette problématique, on s’est rendu compte que, quand il rentrait à la maison, les mauvaises habitudes étaient “reprises”, et du coup le poids était repris également. Donc pour pallier à cette problématique, on propose le tout nouveau projet Diet à Dom où en fait dès que ces enfants sortent de ce parcours de soins, une diététicienne va aller au domicile de ces enfants pour sensibiliser toute la famille, à l’équilibre alimentaire et autre, et pouvoir apporter des aides telles que l’aide à cuisiner, l’aide aux courses, aider à savoir lire une étiquette pour les aliments, enfin voilà elle est vraiment là dans un sens pour vraiment aider à toutes les questions alimentaires et s’il y a besoin un peu plus d’un apport psychologique ou social, on est là s’il y a besoin au cas où en plus dans ce projet. 

« On a également un organisme de formation où tous les professionnels de santé peuvent être formés à l’éducation thérapeutique du patient, à la prise en charge diététique, mais également tout simplement, à la sensibilisation à l’obésité ou même lutter contre les idées reçues. Donc, on a diverses formations. 

« Après, on peut également intervenir dans les écoles, ou dans les collèges, justement pour sensibiliser les jeunes à l’alimentation et à l’activité physique. »

Quels sont les défis les plus courants auxquels vous faites face ? 

« Alors les défis les plus courants auxquels on fait face, je pense tout de suite aux idées reçues. 

« Les idées reçues, tout simplement parce qu’on sait que c’est une maladie, et qu’elle peut être dangereuse parce qu’elle peut déboucher sur des pathologies qui sont associées. Elle est également sociétale et stigmatisante, dans le sens où les personnes qui vivent avec une obésité sont perçues souvent comme paresseuses, comme manquant de volonté, responsables en fait de ce qui leur arrive. C’est limite un choix plus qu’autre chose et en fait, c’est cette stigmatisation, on ne le sait pas, mais qui peut entraîner chez les personnes en situation d’obésité de réels préjudices : au niveau psychologique, elles vont se renfermer, donc cela devient de plus en plus dangereux parce qu’ils se renferment sur eux-mêmes, donc ils peuvent sortir d’un parcours de soins, ils peuvent rester chez eux, enfin, vraiment sortir de tout contact. 

« Et le problème qu’il y a sur cette omniprésence de la grossophobie, c’est qu’elle a vraiment un ancrage qui est très profond dans notre société et on le voit encore, les idées reçues sont très fortes. Il faut vraiment maintenant, je pense, sensibiliser au fait que l’obésité n’est pas un problème de mal manger ou de ne pas faire d’activité physique. Ça va au-delà de ça, et je pense qu’il faut vraiment aujourd’hui, vu qu’on a maintenant des preuves scientifiques quand même, comparer ces preuves avec les idées reçues qu’on a et voir qu’il y a vraiment un réel discours à donner sur l’obésité et surtout à le communiquer au plus grand nombre. »

Quels sont les obstacles les plus courants que vous rencontrez dans la lutte contre l’obésité et comment les surmontez-vous ? 

« C’est une maladie qui est très stigmatisée, mais après je pense aussi que le plus gros obstacle c’est qu’en France elle n’a pas été encore vraiment reconnue comme une maladie chronique et du coup ça freine un petit peu toutes les démarches. Aujourd’hui on parle de l’obésité donc dans certains pays c’est reconnu comme maladie mais chez nous, pas encore. 

« Nous, la Ligue, on se “bat” pour que ce soit vraiment une maladie à part entière parce que maintenant il y a quand même des traitements : il y a les chirurgies qui sont là depuis pas mal d’années, il y a les traitements médicamenteux qui arrivent, après il y a les traitements pluridisciplinaires avec la diététique, donc tout ce qui est les diététiciennes, les EAPA, les psychologues. Il y a quand même aussi beaucoup de choses dans la prise en charge maintenant mais le problème qu’il y a, c’est que ce n’est pas encore reconnu en France comme une maladie en tant que telle. »

Comment la Ligue nationale Contre l’Obésité répond aux préjugés sur l’obésité ? 

« L’année dernière, notre conseil de patients a travaillé sur une trame Obésité pour expliquer ce qu’est l’obésité réellement, ses causes, ses conséquences, ses prises en charge, etc. On l’a sur notre site internet parce que c’est un document qui est de sens commun […].

« […] On sensibilise sur les réseaux sociaux à l’obésité, aux messages clés, aux causes, aux conséquences. On a quand même pas mal de personnes qui viennent nous voir suite à certaines publications pour avoir plus d’informations, parce qu’effectivement entre les idées reçues et ce qu’on va donner comme informations, des fois effectivement ça bouscule un peu les idées reçues et c’est le but. 

« On se bat également pour qu’il y ait un vrai discours de l’obésité et qui soit vraiment dans le sens que l’obésité est une maladie. Ces préjugés et cette discrimination, il est important de tous lever la voix et quand je dis “tous”, je parle autant des associations comme nous, des professionnels de santé, des médias, des établissements, je pense que même les politiques, je pense qu’aujourd’hui il faut arriver à tous se mettre d’accord sur un réel discours de l’obésité et communiquer tous ensemble dans une même dynamique. C’est comme ça aussi qu’on pourra peut-être arriver à casser un petit peu les idées reçues qu’on a depuis des années sur l’obésité. »

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Spécialisée dans la production et l'écriture de témoignages patients et d'interviews d'associations de patients et de professionnels de santé, passionnée par le secteur de la santé, Delphine a à cœur d'offrir des contenus de qualité qui soutiennent les patients dans leur parcours de soins. Ayant collaboré avec divers professionnels de santé et entreprises du domaine médical, elle travaille à faciliter le parcours de soins du patient.