Grossesse et tabac

Durant la grossesse, il est essentiel pour les futures mamans d’adopter un mode de vie sain et équilibré, en évitant autant que possible les substances toxiques. Parmi ces substances nocives, le tabac occupe une place particulièrement préoccupante.

Mais pourquoi est-il si dangereux ? Quels sont les risques concrets pour la mère et pour le bébé à naître ?

Catherine Papathanasiou, infirmière tabacologue addictologue vous en dit plus sur la grossesse et le tabac.

Certifiée et agréée FARES (Fonds des Affections Respiratoires). Catherine travaille en hôpital, en entreprise et en consultations privées. Elle accompagne et soutient les fumeurs dans une démarche d’arrêt tabagique et/ou diminution de la consommation. Elle propose également un suivi prolongé afin d’aider le fumeur dans sa démarche, ce qui augmente les chances de succès.

Arrêter de fumer n’est pas simple car la cigarette induit une grave dépendance. De plus, cette dépendance est triple (physique, psychologique et comportementale). Chaque accompagnement est individualisé.

Elle aborde les différents traitements d’aide à l’arrêt tabagique. Les consultations s’adressent aux adultes (en individuel, en couple, en groupe), aux adolescents et aux femmes enceintes et peuvent se faire en présentiel et en visioconférence.

Les effets du tabac sur la fertilité

L’impact du tabac sur la fertilité est souvent sous-estimé. Même une consommation modérée de 5 cigarettes par jour peut réduire la fertilité féminine, en affectant la qualité et la quantité des ovocytes. Chez l’homme, le tabagisme altère également la qualité du sperme, avec une diminution de la mobilité des spermatozoïdes et une augmentation des anomalies génétiques.

Le délai de conception est en moyenne prolongé de deux mois chez les fumeurs, qu’il s’agisse de la femme ou de l’homme. De plus, le tabac réduit l’efficacité des traitements contre l’infertilité tels que la procréation médicalement assistée (PMA) ou la fécondation in vitro (FIV). Les chances de succès lors d’une FIV peuvent être divisées par deux en cas de tabagisme.

Tabagisme passif et fertilité

Les effets négatifs du tabagisme passif sont également à prendre en compte. Une exposition régulière à la fumée de cigarette peut altérer la fertilité de manière similaire à un tabagisme actif.

Fumer pendant la grossesse : quels risques pour le bébé ?

Fumer pendant la grossesse expose le fœtus à de nombreux dangers :

• Prématurité : Le risque d’accouchement prématuré est significativement accru.
• Hypoxie fœtale : La fumée de cigarette contient du monoxyde de carbone, qui réduit l’oxygénation du bébé.
• Retard de croissance intra-utérin : Les bébés de mères fumeuses ont souvent un poids et une taille inférieurs à la moyenne.
• Anomalies congénitales : Comme la fente labio-palatine.
• Syndrome de sevrage néonatal : En cas de tabagisme important, le bébé peut présenter des signes de sevrage après la naissance.

Conséquences à long terme

Le tabagisme durant la grossesse peut également impacter la santé de l’enfant à long terme :

• Risques accrus de mort subite du nourrisson (MSN).
• Troubles du développement cognitif : Difficultés d’apprentissage et problèmes comportementaux.
• Affections respiratoires : Bronchites, asthme, allergies…

Quels sont les risques pour la mère ?

Le tabac ne nuit pas seulement au bébé, il présente aussi des risques pour la maman :

• Grossesse extra-utérine : Une implantation anormale de l’embryon, souvent dangereuse.
• Saignements fréquents : Ce qui peut mettre en danger la vie de la mère et du bébé.
• Complications placentaires : Risque de décollement placentaire ou de placenta prævia.
• Accouchement prématuré : Avec toutes les complications que cela implique.
• Rupture prématurée des membranes : Communément appelée « rupture de la poche des eaux ».

Tabac et allaitement : quelles précautions prendre ?

Les substances chimiques présentes dans la fumée de cigarette, notamment la nicotine, passent dans le lait maternel. Cela peut entraîner chez le nourrisson :

• Irritabilité et pleurs excessifs.
• Troubles digestifs : Coliques, vomissements.
• Anomalies cardiovasculaires : Impact sur la pression sanguine et le rythme cardiaque.

Cependant, le tabagisme n’est pas une contre-indication à l’allaitement. Les bienfaits de l’allaitement maternel surpassent les risques du tabagisme, à condition de respecter certaines précautions :

• Fumer juste après la tétée, pas avant.
• Attendre au moins deux heures après avoir fumé avant d’allaiter.
• Ne jamais fumer en présence du bébé.

Vapoter pendant la grossesse : une alternative plus sûre ?

La cigarette électronique, bien que moins nocive que le tabac classique, n’est pas sans risque. Elle ne contient ni monoxyde de carbone ni de nombreuses substances toxiques présentes dans la fumée de cigarette, mais elle expose tout de même à la nicotine.

Pour une femme enceinte qui n’arrive pas à arrêter de fumer, vapoter peut être une alternative intéressante, mais uniquement sous suivi médical. L’objectif reste toujours l’arrêt complet de toute consommation de nicotine.

FAQ : Les questions les plus fréquentes sur la grossesse et le tabac

1. Est-ce que réduire le nombre de cigarettes suffit pendant la grossesse ?
Non, même une faible consommation de tabac expose le bébé à des risques. L’idéal est d’arrêter complètement de fumer.

2. Puis-je utiliser des substituts nicotiniques pendant la grossesse ?
Oui, sous supervision médicale. Les substituts nicotiniques (gommes, patchs) sont bien moins nocifs que le tabac.

3. Quels sont les effets du tabagisme passif sur mon bébé ?
Ils sont similaires à ceux du tabagisme actif : risque de prématurité, retard de croissance, troubles respiratoires…

4. Est-ce dangereux de vapoter pendant la grossesse ?
Moins que de fumer, mais cela reste une consommation de nicotine. Discutez-en avec un professionnel de santé.

5. Comment gérer le stress lié à l’arrêt du tabac pendant la grossesse ?
Des méthodes comme la sophrologie, la méditation ou des consultations avec un tabacologue peuvent aider.

En tant qu’infirmière tabacologue, mon rôle est de vous accompagner dans cette démarche difficile mais bénéfique pour vous et votre bébé.

N’hésitez pas à consulter un professionnel de santé pour un suivi personnalisé et adapté à votre situation.

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