Interview du Dr Odile Bagot, gynécologue spécialisée dans le TDMP
Santé féminine et gynécologie,  Témoignage

Interview du Dr Bagot : Trouble dysphorique prémenstruel (TDPM)

Interview du Dr Odile BAGOT, gynécologue-obstétricienne

Le Trouble Dysphorique Prémenstruel (TDPM) est un trouble qui touche entre 5 à 8% des femmes.

Il s’agit d’un trouble complexe aux répercussions à la fois gynécologiques et psychiatriques, se manifestant plusieurs jours avant les règles.

Ce trouble est souvent décrit comme une forme sévère du syndrome prémenstruel (SPM), affectant non seulement le bien-être physique mais également l’état mental et émotionnel des femmes concernées.

gynécologue spécialisée en TDPM

Quels sont les symptômes du trouble dysphorique prémenstruel (TDPM) ?

Pour cette pathologie, les symptômes apparaissent en lien avec le cycle menstruel. Ils se manifestent généralement quelques jours avant les règles, parfois jusqu’à 15 jours avant le début du cycle. Après l’apparition des règles, on observe une phase sans symptômes, appelée « intervalle libre ».

Les symptômes psychiques incluent des troubles de l’humeur sévères comme la dépression, une tristesse marquée, une sensibilité émotionnelle excessive, des difficultés de concentration, et des crises d’anxiété ou d’irritabilité. Ces symptômes impactent fortement la vie quotidienne, affectant les relations sociales et professionnelles.

Sur le plan physique, les femmes peuvent ressentir une fatigue intense, des envies alimentaires compulsives, une baisse d’énergie, une tension mammaire, de la rétention d’eau, et des ballonnements.

Quel est le parcours de soins d’une patiente TDPM

Généralement, une femme suspectant un TDPM consulte d’abord un généraliste ou un gynécologue pour discuter de ses symptômes.

Le diagnostic repose en grande partie sur l’observation clinique et les témoignages des patientes, étant donné que le TDPM reste encore mal compris par une partie des professionnels de santé.

Un suivi régulier des symptômes, souvent avec un calendrier menstruel, permet de confirmer le diagnostic.

Il n’existe pas de parcours de soins standardisé, car la prise en charge doit être individualisée et ajustée selon l’évolution des symptômes.

Quels sont les professionnels de santé à intégrer au parcours de soins

Gynécologues : Ils jouent un rôle clé dans l’évaluation des symptômes, la mise en place des traitements hormonaux, et l’accompagnement des patientes.

Médecins généralistes : Ils peuvent proposer un suivi global, notamment si la patiente présente d’autres symptômes associés au TDPM.

Psychiatres : Leur intervention est nécessaire en cas de troubles psychiatriques sévères comme la dépression ou les crises d’anxiété.

Quels sont les traitements possibles pour le TDPM

Plusieurs niveaux de prise en charge peuvent être suggéré :

La prise en charge du TDPM varie en fonction de l’intensité des symptômes. Le traitement se déroule en plusieurs étapes :

Modifications de l’hygiène de vie et thérapies complémentaires : Une alimentation équilibrée, riche en magnésium et calcium, associée à une réduction de la consommation d’alcool et de sucre, peut améliorer les symptômes. L’acupuncture, la méditation de pleine conscience, et des compléments en nutrithérapie, comme le safran, sont parfois proposés.

Traitements hormonaux : Les contraceptifs oraux (oestroprogestatifs ou progestatifs seuls) peuvent aider à stabiliser le cycle menstruel et réduire les symptômes. La progestérone biosimilaire, administrée lors de la deuxième phase du cycle, peut également avoir un effet apaisant.

Antidépresseurs à faible dose : Dans les cas résistants, des antidépresseurs peuvent être prescrits sur une base temporaire, uniquement pendant les jours symptomatiques.

En cas de TDPM sévère, un traitement hormonal visant à provoquer une ménopause temporaire pendant quelques mois peut être envisagé.

Quelle est l’espérance de vie

Bien qu’il n’y ait pas suffisamment d’études sur la question de l’espérance de vie, en théorie le TDPM n’aurait pas d’impact sur l’espérance de vie.

Existe-t-il une typologie de patientes spécifiques TDPM

Deux typologies de femmes atteintes du trouble existent :

1.    Les femmes qui n’ont pas d’antécédent psychiatrique

2.    Les femmes qui ont des antécédents dépressifs avec un dysfonctionnement de la sérotonine “hormone du bonheur” qui en phase prémenstruel peut devenir très compliqué à vivre

Quelles sont les causes et facteurs de risques du trouble dysphorique prémenstruel (TDPM)

Aujourd’hui, il est encore très difficile de connaître les causes du trouble dysphorique prémenstruel bien qu’il existe des hypothèses hormonales.

Les hypothèses actuelles pointent vers des déséquilibres hormonaux, notamment une carence en progestérone ou un dysfonctionnement de la sérotonine, l’hormone du bonheur. Les femmes qui ne prennent pas de contraceptifs hormonaux semblent plus touchées par ce trouble que celles qui en utilisent. Des antécédents de dépression ou d’autres troubles de l’humeur augmentent également le risque de développer un TDPM.

Quelle est la différence entre le syndrome prémenstruel (SPM) et le trouble dysphorique prémenstruel (TDPM) ?


Le TDPM est une forme plus sévère du SPM, avec des symptômes principalement psychiques, tels que la dépression, l’anxiété et des troubles de l’humeur, qui interfèrent fortement avec la vie quotidienne.

Comment diagnostiquer le trouble dysphorique prémenstruel ?


Le diagnostic repose sur l’observation des symptômes en lien avec le cycle menstruel. Il est souvent conseillé de tenir un journal des symptômes pendant plusieurs cycles pour aider à confirmer le diagnostic.

Quels sont les traitements disponibles pour le TDPM ?


Les traitements incluent des modifications du mode de vie, des compléments nutritionnels (comme le magnésium), des traitements hormonaux, ainsi que des antidépresseurs pour les cas les plus sévères.

Le TDPM peut-il évoluer vers une autre maladie psychiatrique ?


Bien que le TDPM soit un trouble cyclique, il peut coexister avec des troubles psychiatriques préexistants, comme la dépression ou l’anxiété, sans forcément évoluer vers une autre maladie.

Le TDPM disparaît-il à la ménopause ?


Oui, le TDPM tend à disparaître naturellement après la ménopause, car les fluctuations hormonales cessent avec l’arrêt des cycles menstruels.

Articles qui pourraient vous intéresser : 

Par

Le Docteur Odile Bagot est spécialiste en gynécologie obstétrique, ancienne chef de clinique des hôpitaux et diplômée de gynécologie psychosomatique. Elle consulte en gynécologie médicale et obstétrique, ménopause, suivi de grossesse et symptothermie. Elle exerce en cabinet libéral et est titulaire d’un master d’éthique et enseigne la sexologie à l’Université de Strasbourg.